Le gouvernement afghan a considérablement revu à la baisse le bilan du séisme qui avait frappé samedi l'ouest de l'Afghanistan, pour l'établir à "plus de 1.000 morts", dans l'immense majorité des femmes et des enfants selon l' ONU.
Un nouveau tremblement de terre, de magnitude 6,3, a frappé mercredi à l'aube de la même région, dans la province d'Hérat, créant la panique dans la population encore traumatisée par celui de samedi - de magnitude équivalente - et ses réponses .
"C'est horrible, tout Hérat est terrorisé", a déclaré à l'AFP un de ses habitants, Abdul Qudos, 32 ans. "On a tellement peur que même quand on voit un arbre bouger (à cause du vent), on pense que c'est un nouveau tremblement de terre."
Le gouvernement a abaissé de moitié le bilan du premier séisme, pour le porter à "plus de 1.000 morts", responsable de la confusion sur les chiffres à la difficulté de tenir un décompte exact dans un tel chaos.
"Quand des villages entiers sont détruits et des populations anéanties (...), vérifier le nombre des gens affectés, tués et blessés, est un processus très difficile", s'est défendu le ministre afghan de la Santé, Qalandar Ebad, devant la presse à Kaboul.
L'Unicef a annoncé que "plus de 90% des victimes" de la catastrophe initiale étaient des femmes et des enfants.
"Les femmes et les enfants sont souvent à la maison (...), alors quand les structures s'effondrent, ils sont le plus à risque", a déclaré Siddig Ibrahim, un responsable de l'Unicef basé dans la région.
Le séisme de mercredi, dont l'épicentre a été détecté à environ 30 kilomètres au nord d'Hérat, la capitale de la province du même nom, a fait au moins un mort et 130 blessés, selon les autorités.
"Il ne reste plus une maison"
Ces gens ont été touchés par les débris tombés de ruines branlantes, a expliqué Abdul Zahir Noorzai, un responsable de l'hôpital régional d'Hérat.
Le tremblement de terre a été suivi de deux répliques de magnitude 5,0 et 4,1 mais les dommages causés à la cité millénaire d'Hérat, qui abrite plus de 500.000 personnes, semblent minimes, a constaté un journaliste de l'AFP.
Depuis samedi, des milliers de gens dans la province dorment dehors, dans les voitures, les jardins ou des tentes, leurs habitations ayant été réduites en poussière.
"Nos enfants ont tellement peur qu'ils restent éveillés jusqu'au matin. Ils ne dorment pas", a témoigné Aziz Ahmad, 40 ans.
Des volontaires, munis de pelles et de pioches, ont travaillé sans répit pour trouver des survivants à la suite du séisme de samedi, qui ont entièrement détruit au moins six villages du district rural de Zenda Jan et affecté plus de 12.000 personnes, selon l' ONU.
Fournir des abris en grande quantité, à l'approche de l'hiver, sera un défi pour les autorités talibanes, qui ont pris le pouvoir en août 2021 et maintiennent des relations tendues avec les organisations d'aide internationale.
"Cette région est très froide, rester dehors le soir est très difficile", a souligné Qalandar Ebad. "Ils pourraient vivre là-bas sous tente pendant un mois, mais plus longtemps ce serait probablement très difficile."
"On ne peut plus vivre ici"
"Il ne reste plus une seule maison, pas même une pièce où nous passerons la nuit", s'est désolé Mohammad Naeem, 40 ans, qui a perdu samedi 12 membres de sa famille, dont sa mère.
"On ne peut plus vivre ici", a-t-il ajouté. "Notre famille est morte ici".
La plupart des habitations des zones rurales afghanes sont faites de boue et construites autour de poteaux de support en bois, avec très peu d'armatures en acier ou en béton.
Plusieurs générations d'une même famille cohabitent généralement sous le même toit, ce qui signifie que les tremblements de terre les plus forts peuvent dévaster des communautés entières.
L'Afghanistan souffre déjà d'une grave crise humanitaire, avec le retrait généralisé de l'aide étrangère depuis le retour au pouvoir des talibans.
L'Afghanistan subit fréquemment des séismes, en particulier dans la chaîne de montagnes de l'Hindou Kouch, proche du point de jonction entre les plaques tectoniques eurasienne et indienne.
En juin 2022, un séisme de magnitude 5,9 avait fait plus de mille morts et des dizaines de milliers de sans-abri, dans la province pauvre de Paktika (sud-est).
La Rédaction (avec AFP)